Commentaire de evelinemankou (24/10/2014 15:43) :
Chère Charline Effah
Je ne suis pas « critiqueuse » ni véreuse car je ne sais pas le faire, pis,
sur la place, elles sont nombreuses. Cependant je sais avoir un avis de
lecture.
N’Être, dès que je l’ai touché, j’ai tressailli. Une couverture rose, une
chaîne en filagramme, j’ai cherché des indices et me suis demandée si
l’histoire se déroulait à Toulouse ville rose, une histoire d’esclavage,
peut-être ? Loin de mon imagination, tu m’as transporté de Pantin vers ta
terre que tu nomme ici Nlam. Merci pour ce beau voyage dans ton livre qui
m’a accompagné tout au long de mon autre voyage Paris-Bruxelles. C’était
donc un voyage dans un voyage.
J’ai plus pris plaisir à lire N’Etre que le Goncourt de Marie Ndiaye ;
éditions Gallimard 2009 par exemple, lu en son temps. C’est mon droit de
dire avoir moins aimé dès lors que je l’ai lu. Parole de sagesse car une
critique doit être fondée, mais encore… quel Goncourt ai-je déjà gagné
sinon celui de la lectrice, fastoche, lovée dans son canapé à juger le
travail d’autrui sans même mesurer les heures, la sueur, l’encre coulées et
écoulées pour cela.
« Il parait que » les goûts et les couleurs ne se discutent pas, même en
littérature. Bien !
Comme quoi, la force d’un livre ne dépend ni de la notoriété de sa maison
d’édition, ni des prix qu’il a gagnés, nous le savons tous, (enfin, sauf
les naïfs et les enfants) que les prix littéraires sont souvent une
question de business, de copinage ?...
La preuve, Patrick Modiano, prix Nobel de littérature 2014, n’est pas
connue du grand public. Sa maison d’édition n’a pas une large diffusion
dans les librairies lambda. C’est aussi un écrivain très humble, assez
timide et qu’on ne voit pas souvent dans les médias. C’est une bonne chose
de voir une personne aussi modeste gagner un tel prix.
De même Samuel Beckett un autre prix Nobel en littérature en 1969, inconnu
et inconnaissable était fort peu lu.
Il parait que, même Nelson Mandela, Nobel d’une autre catégorie a été rendu
célèbre grâce à son humilité, ensuite le reste de ses dons ont été jugés
d’une évidence par l’opinion publique.
Dès l’annonce donc de la sortie de ton livre N’Être, j’étais aux aguets
comme certains attendent le prochain Harry Potter, et j’ai été bien servie.
Grand bravo et merci à toi, Charline !
N’Être est puissant tant par le thème que tu soulèves (les rapports
mère-fille, l’amour…) Mais N’Être est aussi riche en mots (qui sont bien
pesés) et fort en maux « d’amour ».
Qui a dit que les femmes travaillaient moins bien que les hommes ? Foutaise
!
Charline, tu peux parler, chante si tu veux car une fois de plus, tu viens
de faire preuve « de mots », même si le sage c’est celui qui l’ouvre peu,
tu as ou plutôt, tu es une sagesse. Chez toi, à mon avis, c’est inné, comme
le dit ton éditrice page 141, il n’y a pas de hasard et je le pense aussi.
Dans l’espace entre les attentes à meubler dont tu fais état dans le
dernier chapitre de la page 59 jusqu’au premier de la page 60, j’ajouterai
: « je suis dans l’attente de lire ton prochain opus ».
A la fin de ma lecture, une préoccupation m’est venue à l’esprit que
j’aimerais te dire : serais-tu la fille de plume de Fatou Diome ? Tant ta
plume et ton humilité sont sur ses traces. Ta discrétion serait peut-être
ton secret, ta force ? Ou, peut-être parce que tu es une femme faite ?
Je jubile à lire entre autres cet extrait de N’Être : Chez les miens
l’amour est silence. Il est dans le reproche et l’attente. L’amour ne se
déclame pas. Il se devine, se soupçonne et se jauge au nombre de fois où
les maris, ces pauvres victimes de leur sex-appeal, reviennent à la maison
après de longues échappées.
Comme on le dit chez mon autre chez moi, N’Être est un « page turning », et
toi-même, nul doute tu seras connu et reconnu par tes pairs. Ah ! Cette
fameuse reconnaissance qui fait courir tant…
Alors, bon vent !
Eveline Mankou
http://evelinemankou.vip-blog.com/
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